Mixités et tolérance

Notre quartier est un quartier « mixte ». C’est à dire qu’on y trouve de tout. Des gens jeunes et diplomés qui travaillent comme ingénieurs, des gens qui sont maçons, des blacks, des beurs, des « biens français », des chrétiens, des musulmans, bref, de tout.

L’école de notre quartier est donc un joyeux pot pourri de toutes les cultures, de tout les styles, brassage de connaissance, et, de tolérance. Du coup, j’étais assez contente d’avoir une école comme ça pour la déesse, pour lui montrer qu’on est tous différents, mais qu’on peut faire plein de choses ensemble.

Et puis, comme j’en ai parlé <<ici>> j’ai commencé à me dire que non, finalement, j’avais envie de la mettre dans une école « différente », non pas pour qu’elle soit la meilleure (je m’en fous ) mais pour lui donner le meilleur. Et la, je me suis interrogée. Qui va t’elle rencontrer dans cette école? Que des gens du même « milieu » que nous?

Parce que pour l’instant y a deux écoles qui me tentent bien, la Steiner ( je vous en reparlerai plus tard) et la « nouvelle école » qui elle applique un peu de tout les principes de plusieurs enseignements dits « nouveaux » à savoir pas de devoir, pas de notation, apprentissage en groupe, etc etc…

Et ces deux écoles sont payantes. De fait, donc, même si elles sont bien moins cher que la Montessori (500 euros par mois pour Montessori quand même faut peut être pas abuser non plus hein) quand même, les gens qui vont mettre leurs enfants, appartiennent, je le suppose, à une « certaine » catégorie de population. Il n’est pas ici question de stigmatiser telle ou telle population, vous me connaissez, c’est tellement mon genre de coller des jugements tout fait.

 (bon, j’avoue dans Wow, j’en colle plein des jugements, mais ça compte pas.)

Bref, au final, je me suis demandé si c’était si bon que ça de la mettre dans un « milieu fermé » le temps de son enfance, si elle allait apprendre la tolérance, si elle saurai accepter les autres comme ils sont…. Et puis… je me suis penchée sur mon parcours à moi.

Je sais pas ce que vous en pensez, mais je me considère quand même comme quelqu’un de vachement tolérant, et « encore pire » c’est même pas que je « tolère » c’est que je pars du principe que chaque personne est différente et que je ne vois pas au nom de quelle supériorité supposée j’aurais le droit de porter un jugement sur celui qui n’as pas les mêmes choix de vie que moi.

Attention, je dis pas que j’ai pas d’opinion. Certaines actions de certaines personnes m’énervent  m’horripilent, me foutent carrément les nerfs, mais je reconnais le droit aux gens d’être différents de moi.

Alors je me suis demandée d’où ça venait. J’ai fait un petit retour en arrière.

Mes parents ne faisaient pas partie de la catégorie aisée financièrement parlant. On à jamais manqué de rien, mais voila, on était pas blindés. Pourtant, j’ai eu une enfance scolaire « à part »‘.

En fait, j’ai fait ma scolarité, du CE2 à la troisiéme en CHAM. Késseucédonk? C’est des classes à Horaires Aménagés Musique. C’est à dire que vous faites demi journée. le matin c’est cours, l’aprés midi c’est école de musique avec instrument, solfège  ensemble ou chorale, musique de chambre ou autre. L’année d’après  on inverse les matinées et les aprés midi. Et puis c’est des concerts, c’est des sorties, c’est une ouverture à pas mal de choses.

Ce sont aussi des classes de 24 maximum, (et on était moins encore au collège). Avec le recul, je me rend compte que dans ma classe, il y avait quand même une grande majorité d’enfants de familles aisées. La plupart des parents de mes copines avaient de superbes baraques, et des boulots comme avocats, ou médecins  Comme on dit, nous ne venions pas du même monde. En fait, leur mixité, c’était moi , ah ah .

Tout ça pour dire que je n’ai pas eu d’amis dont la famille était « dans la merde ». Je n’ai pas connu de « cas soc’ « (par la j’entend des gens qui n’arrivent pas à s’en sortir financièrement  qui rament et qui galèrent à mort, ou avec des histoires de familles hyper compliquées….je n’ai pas dit « des glandeurs » hein). Ma mixité sociale à moi, elle s’est pas trop faite.

J’ai grandis dans un milieu sans blacks, sans beurs. On pourrait dire « protégé ». Mais ce terme m’énerve, parce que je ne comprend pas bien de quoi il faut se protéger…..

Alors je l’avoue honteusement, la première fois que j’ai croisé un beur, c’était pour une partie de jeu de rôle. Et j’avais genre 15 ans, (on est cons à 15 ans) et j’étais un peu inquiète. Ah ah ah, qu’est ce que j’étais idiote ^^. Ben oui, j’avais jamais vu de beur « en vrai ». Et puis les dix premières minutes passées, on s’est vachement bien marrés, et puis voila. Ça aura été mes 10 minutes racistes de toute ma vie. Mais je suis pardonnée (en tout cas, moi je me pardonne ^^, parce que quand on ne connait pas, forcément, on s’interroge :).

Tout ça pour en arriver ou?

Ben je me considère comme une personne très ouverte. Je me bats tout les jours pour la tolérance. C’est vraiment mon truc à moi. Pourtant, je n’ai pas été dans une école ou régnait la « mixité sociale ». Je n’ai pas habité un quartier ou régnait cette même mixité. Et ça ne m’a empêché en rien du tout de ne pas devenir une grosse connasse. (cet avis n’engage que moi 😀 )

Donc au final, je me demande si la mixité est vraiment facteur de tolérance. Je ne pense pas du tout qu’elle l’empêche bien évidement, mais est elle si indispensable que cela?  j’en profite pour noter que dans nos classe, au collège nous avions un bon niveau en anglais par exemple, et qu’on a voulu nous « mixer » (aaaaaarrrrrrrgggg) avec d’autres classes « en difficultés » résultat: je l’avoue bien maintenant: nous avons tous fait le bordel 😀

Je ne dis pas qu’il faut mettre les gens dans des cases et que l’émulation n’est pas bonne. Mais je ne pense pas qu’elle soit indispensable.

Cette émulation la est bonne, mais pas indispensable non plus. Bon bref. Ca se voit que je rame pour illustrer mon sujet?

Pour moi, la tolérance, ça s’apprend en famille. C’est une ouverture d’esprit. C’est une façon d’être que les parents, par porosité (je me la pète hein) font passer à leurs enfants. Si les parents sont des gros connards d’intolérants, c’est sur que c’est vachement plus dur pour leurs gosses… Et tout orientation politique mise à part, je salue des gens comme notre président qui ont réussit à s’ouvrir au monde et à la tolérance malgré un père militant au FN….

La déesse n’ira normalement pas à l’école du quartier.

Mais je ne tolérerai pas qu’elle soit intolérante.

Namého!

Et vous? vous pensez que c’est un facteur important?

8 réflexions sur “Mixités et tolérance

  1. C’est clair que la tolérance, le respect de l’autre, ça s’apprend pas à l’école… Ni l’ouverture d’esprit, ni la curiosité d’ailleurs…

    • ce qui est dommage c’est que ça devrais…. Mais non, l’école ne l’apprends pas. Pour autant, j’ai été dans une école classique, type mixité sociale, comme celle de ton quartier et je suis aussi ouverte d’esprit et tolérante. Je suis aussi allée en colo avec des jeunes en difficultés et j’y ai surtout appris que le monde n’est pas tout rose, que nous n’avons pas tous les mêmes chances et qu’on grandit de la différence. Bref, moi ça m’a surtout aidé à trouvé ma « vocation ».

  2. Je suis d’accord avec toi : ce sont les parents les 1ers à apprendre la tolérance. Nous sommes la base de beaucoup de choses pour nos enfants : c’est à nous de les ouvrir sur le monde, de leur montrer des livres, des films par exemple, qui traitent du sujet.
    Perso, je me souviens encore d’une expo que j’étais allée voir sur le commerce triangulaire, j’ai encore des images et des bruits dans ma tête alors que j’avais à peine 10 ans ! Mais ça m’a marquée à vie !
    Et l’école qui éduque, bah c’est un mythe ! Après un bac+5, je me rends compte que les choses essentielles que j’ai apprises, c’est mes parents d’abord, et la vie de manière générale qui me les ont enseignées.
    Et puis, si tu as la chance de pouvoir mettre ta fille dans une école « alternative », n’hésite pas !

  3. Oui, je suis d’accord aussi!
    Pour ma part, mon école de quartier accueillait un public assez aisé (hormis LA famille algrienne qui à elle seule justifiait le classement ZEP de l’époque) et je suis allée dans un privé pour mes collège et lycée. Par franchement de la mixité sociale, quoi….
    Pourtant, je suis, je crois, hyper ouverte à la différence. Et c’est clair que cela vient de mon éducation. Si tu éduques ton enfant dans le respect de la différence, même si elle n’a que des copains bobo/friqués/bourgeois/aisés…. il n’y a aucune raison pour qu’elle ne soit pas sensible à la vie des autres.
    Les écoles non mixte, ça pose problème quand on a une éducation concentrée sur le petit monde qui nous ressemble! Et encore que, certains arrivent tout de même à s’en détacher. Mon exemple à moi, c’est Guy Bedos, qui vient d’une famille over raciste.

    Et puis, pardon, mais je pense que ce n’est pas à l’école d’éduquer.

  4. Je suis née et ai grandi dans une cité avec juste les barres d’immeubles et le béton pour décor.

    De 3 à 15 ans, j’étais en école privée catholique. Dans nos classes, il y avait de tout : black, blanc, beur. Des catho, des juifs, des musulmans, des athées. Les cours d’éducation civique et de « religion » étaient accès sur cette mixité. On nous apprenait l’autre et sa différence par le copain. J’ai souvenir d’une camarade juive nous expliquant la pâques juive, de copains musulmans dont les mamans faisaient des plateaux complets de gâteaux pour toute la classe à la fin du ramadan, etc. Ici la mixité était faite intelligemment.
    De 16 à 18 ans : Lycée public. Nous étions 3 « blancs » par classe de 35. J’ai pris une grosse claque dés le premier jour. C’est moi qui ai demandé à aller en public, maintenant je le regrette. Mon niveau scolaire a chuté. L’année de 2de, je n’ai rien appris : la classe ayant un niveau 3eme.. J’ai été mise à l’écart pendant les 3 ans car je n’avais pas la bonne couleur de peau et que mes parents n’avaient pas les moyens de me payer la dernière tenue Zara/Paire de Nike/maquillage à gogo etc. (et quand j’ai commencé à sortir avec (mon futur mari) un prof du collège voisin, c’était fini de moi…)
    Arrivée à la fac, en lettres, là aussi il y a mixité. Il y a de tous les horizons à la fac. J’ai retrouvé l’ambiance bon enfant de mes années primaire-collège. Sauf que, j’habitais en cité U dont la population reprenait le ratio de mes années lycée. Plus d’une fois on a craché sur mon chemin en me traitant de « putain de française » ou autre terme tout aussi charmant.

    Aujourd’hui, je suis dans une ville protégée (l’insulte suprême ici c’est « j’vais le dire à Mère » ^^;), les écoles ont bonnes réputations, le lycée pro (décrié par les petites vieux car « ça nous ramène toute la racaille ») instruit des jeunes plein d’espoir et de bonnes manières (à la sortie de la mater’ qui fait l’angle avec ce lycée, 3 beurettes nous ont aidés à porter les valises jusque chez nous, idem quand je rentre avec ma poussette et mon carton de couches, il y en a toujours un pour venir m’aider).
    Ma fille ira dans ce public-là. Dans ce public, grâce à ce lycée, j’ai vu qu’on pouvait mixer sans crainte de rejet. Que la mixité a du bon si l’éducation est la bonne. Si tu apprends à ton enfant à ne pas rejeter l’autre à ne pas le stigmatiser comme différent mais qu’on est tous égaux (enfin on essaie) alors la mixité fonctionne. Pour ça, il faut aussi s’assurer que les autres sont éduqués de la même façon. Sinon, ce sera la loose.

  5. Pour ma part, je suis née et j’ai vécu dans un pays où tout le monde est blanc, donc on se posait pas de questions sur le racisme et la mixité « de couleurs » car cela n’existait pas. Tous les enfants étaient blancs. Jusqu’au jour où un « garçon noir » est arrivé. On a tendance à dire que la méconnaissance crée la peur de l’autre, qui engendre le racisme et l’intolérance. Et j’aurais tendance à dire que c’est vrai. Sauf que…ce garçon là n’a au aucun souci à l’école. Il s’est fait des potes sans problème, il n’a subi aucune moquerie, et pourtant c’était le seul élève noir dans l’école dans un pays rempli de gens et d’enfants n’ayant, pour la plupart, jamais vu de noir de leur vie. Et il a été parfaitement accepté. En plus, je me souviens avoir trouvé ça chouette qu’un étranger parle notre langue, c’est plutôt rare… Bref.

    Avance rapide. Mon père a trouvé du boulot à l’étranger. En Malaisie. Ma soeur et moi étions dans une école privée anglaise, qui comptait autant de blancs, que de chinois et de malais…cohabitation parfaite, jamais de conflits dus aux différences de culture.

    Avance rapide à deux ans plus tard. On déménage à Malte. Même topo, ou presque, car ce coup-ci, c’est une école américaine…

    Avance rapide, 6 ans plus tard. Mes parents m’envoient faire mes études en France. Et là…c’est le drame. J’étais entourée de Français. Je n’avais jamais été au milieu d’autant de gens venant du même endroit (qu’ils soient blanc, beurre, noir…ils étaient français), depuis mon enfance en Yougo (d’ailleurs à chaque fois que j’y retourne en vacances, je me sens plus étrangère que jamais ailleurs). Je ne voyais absolument pas la « mixité » en France. C’est là que je me suis sentie étrangère pour la première fois (et pourtant ça faisait 8 ans que je vivais « à l’étranger »), car ici, pour moi, tout le monde était pareil. Il faut savoir qu’à l’époque il y avait beaucoup moins d’étudiants étrangers qu’aujourd’hui. Les choses se seraient sans doute passées autrement si j’étais arrivée 5 ans plus tard. 😉 En tout cas, ce que vous considérez comme « mixité », pour moi était l’uniformité absolue. Question de vécu personnel.

    Ce que je veux dire c’est que je ne sais pas du tout d’où vient la « tolérance ». Je ne sais même pas comment je la définirais. Mes parents ne le sont pas spécialement: ils sont légèrement racistes même (sans m’avoir jamais empêché d’avoir des amis de toutes les couleurs); plus homophobe que mon père, tu meurs; mon père, qui a du faire la vaisselle qu’à l’époque où il était célib et depuis c’est ma mère qui s’en occupe… Bref, la question est plus complexe que ça. L’environnement et l’école jouent quand même un rôle essentiel. Oui et non. Les parents? Oui et…non.

    Même dans une école religieuse, privée etc. on peut être tolérant… ou ne pas l’être. ça dépend de qui elle est composé et par qui elle est dirigée… Le programme, les profs, les élèves, les parents… Je prépare un CAPES actuellement pour travailler dans l’Ecole Publique mais je me demande quand même si une école publique est la meilleure solution pour mon fils…il sort du « moule ». Oui, tous les enfants sont différents et c’est chouette, mais le mien sort même du moule de la différence. Et je ne suis pas sûre que l’Ecole Publique a toutes les armes en main pour lutter contre la différence (celle qui est injuste et qui nous empêche de faire certaines choses)… Pour le moment il est dans le public, mais à un moment donné, j’aimerais qu’il soit dans une école bilingue (anglais-français) où on ne remettra pas son bilinguisme/sa pluriculturalité en question à chaque fois qu’un possible problème de « développement » survient. Comme quoi, la tolérance n’est pas forcément à l’école publique mixte, non plus.

  6. Pour ma part j’ai toujours était à l’école du quartier et comment dire… j’ai juste détésté ! Après bien sur c’est mon parcour des gens aiment d’autre pas.
    En primaire c’était difficile de s’imposer face à des enfants très dure. Au collège j’ai enfin réussi à m’inposer mais le niveau scolaire était lamentable, finalement le lycée a plus était pour moi un groupe de potes dérangés et des concerts à tout va…
    Alors je ne sais pas si cela se serait mieux passé en privé, mais se dont je suis sur c’est que sa se serait mieux passé dans un milieu moins « compliqué ».
    Du coup aujourhdui avec mes enfants j’ai décidé qu’ils iraient dans la maternelle et la primaire du village que je surveille de plus ou moins pret et qu’à partir du collège je leurs laisseraient le choix du privé ou du publique.

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